Ouvertures

Les nomades berbères de la région du lac Iriki

Youssef
lundi 8 octobre 2007 par La rédaction

Ca fait 6 ans déjà que je parcoure le Maroc patiemment, à la recherche de son âme profonde. A la recherche de mon âme aussi, de mes souvenirs d’enfant ardennais, de l’esprit de famille des collectivités rurales, de la vie simple, de la générosité, de la solidarité. Du pain cuit maison (ou dans le sable), des soirées entre proches, des commérages comiques ou tragiques. Tout ça avec l’obsession de m’y installer bientôt définitivement.

J’ai toujours été un inconditionnel de la photo en noir et blanc. Ce qui explique peut-être mon silence photographique durant ces 6 années où je n’ai eu en tête que les petits villages marocains où la couleur est si envahissante. Mon projet est de vous montrer le Maroc tel que je le perçois humainement, sans ses superbes parures d’opéra qui font paraître si douce la dureté de la vie.

A présent, après de nombreux séjours au Maroc, je me sens enfin capable d’échapper à l’exotisme flatteur des photographies couleurs. Pourtant ce n’est pas à la misère que je vais m’attacher, mais à la dignité humaine, à l’amitié, à la fraternité. Dans des conditions de vie extrêmement pénibles. Sans doute il y aura de la tragédie, mais aussi de la comédie. J’espère pouvoir vous révéler l’âme des « hommes bleus », mystérieusement mise au secret sous leurs chèches noirs ou blancs. J’ai trouvé un guide et ami sincère et très cher qui m’introduira dans les familles des berbères nomades du Sahara. Mon cœur est prêt. Il est temps de renouer avec la photographie.

Le sujet est vaste. Les nomades berbères ont eu à affronter ces dernières (dizaines) d’années de graves modifications de leur cadre de vie : sécheresse, assèchement du lac Iriki, raréfaction du fourrage, etc… Certains se sont sédentarisés ou semi-sédentarisés. Certains ou une partie de leur famille se livrent maintenant à l’agriculture. Certains tentent de pallier au manque de nourriture pour leurs troupeaux en déplaçant ceux-ci sur de très grandes distances à l’aide de camions. Et d’autres se sont même repliés dans les montagnes proches. Mon ami Ali a beaucoup de choses à m’apprendre sur ces interactions et rétroactions entre climat, désertification, mode de vie traditionnel et tentatives d’adaptation à ce biotope instable.

Dans le désert nous avons trouvé cette dépouille de dromadaire égorgé pour le besoins d’un tournage de film et ensuite abandonnée. Des familles viennent prélever des morceaux de viande.

Ali m’a déjà beaucoup appris mais j’ai encore beaucoup à apprendre de lui. Juste une anecdote pour vous faire découvrir un petit trait du personnage : à Ouarzazate, il est impensable pour un commerçant de faire vendre aux touristes les produits d’artisanat local ou les bijoux sans se sentir obligé de revêtir la djellaba bleue et se couvrir la tête d’un chèche élégamment disposé ; mais j’ai rencontré Ali à Zagora en jeans, chemise et baskets ; ce n’est qu’à l’approche des tentes de sa tribu qu’il a revêtu l’habit local. Ce n’est aussi qu’après avoir quitté l’habitacle du 4x4, accablé par le soleil, les mouches, le vent chariant sable et poussière, que j’ai compris l’utilité de ce chèche. Comme dit Ali :“ l’homme est le produit de la terre où il vit.


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