Copyright Francis Cornerotte sur toutes les photos du diaporama.
Cheratte, comme beaucoup de communes liées à l’industrie, a connu bien des aventures humaines.
De la lutte pour le suffrage universel à la sécurité sociale, des revendications pour de meilleures conditions de travail à l’interdiction du travail de fond pour les femmes et les enfants, c’est toute une histoire écrite au charbon qui est venu enrichir notre patrimoine liégeois.
Avec des épisodes héroïques, comme celui de la résistance à l’occupant
ou dramatiques, comme l’histoire de ces prisonniers soviétiques employés de force dans la mine et qui disparurent tous dans leur transfert de Cheratte vers Aix la Chapelle.
Enfin, l’histoire de la migration des hommes : après l’arrivée de travailleurs polonais, allemands, italiens, grecs et espagnols – celle de nos amis marocains et turcs.
Cheratte, traversée par l’autoroute du soleil - tout un symbole – s’en est trouvée transformée.
Cheratte, petit village gaulois, mais où s’est déroulée toute l’histoire du monde.
C’est cela que nous voulons vous montrer dans cette exposition préparée par le cercle de photographes « Priorité à l’ouverture » et de multiples associations de Cheratte.
Ce que nous vous présentons aujourd’hui, n’en est qu’une ébauche.
En effet, lors des Journées du Patrimoine, cette exposition sera complétée de nombreuses photographies de mineurs, notamment marocains et turcs mais aussi de reportages dans les différentes communautés belges ou émigrées ainsi que de clichés de ces paysages Cherattois littéralement transformés par l’industrie et colorés par l’émigration : Cheratte-haut aux couleurs du Maroc, Cheratte-bas avec un petit air de Turquie.
Pour réaliser ces photographies, ces portraits, ces moments de la vie de tous les jours, nos photographes avons besoin de vous.
Pour ce faire, nous pouvons nous rendre visite dès aujourd’hui, quand vous le désirerez, chez vous. Ces clichés vous seront remis gratieucement.
En écho à ce charbonnage qui, il faut le dire, est classé mais pas encore sauvé : ces photographies du terril de Grâce-Berleur.
Celui-ci, après avoir connu ses heures de gloire, a aujourd’hui disparu sous les pelleteuses.
Si l’on regarde attentivement ces clichés, on voit encore couler, au loin, la sidérurgie.
Pour combien de temps encore ? c’est actuellement l’une de nos préoccupations.
Ne pas oublier.
Ne pas oublier ce charbonnage de Cheratte qui mérite d’être rénové.
Ne pas oublier tous ces hommes marocains, turcs, belges ou émigrés qui méritent toute notre considération.
Mais ne pas ignorer non plus les problèmes de toutes ces générations nées ici et devant y trouver leur place.
Ca c’est de l’histoire contemporaine et nous la construirons ensemble !
Voici quelques semaines, se déroulait à Cheratte, la 5 ème édition de « Couleurs locales », une grande fête multiculturelle qui réunit toutes les communautés mais aussi, confondues, toutes les formations politiques – sauf bien sûr l’extrême droite.
C’est un signe positif que de l’avoir fait, en n’ignorant pas nos différences mais en les rassemblant, pour sauver ce qui essentiel : le respect de l’homme.
En avril, avec quelques photographes et comédiens, nous étions encore au Maroc dans le cadre d’échanges culturels et sociaux établis entre notre association photographique et une association de Fkih Ben Salah partageant les mêmes engagements.
Quel accueil nous avons reçu !
Quels beaux projets, y compris de développement, nous avons conçus !
Cette année, de multiples associations, personnalités ou partis sont réunis pour commémorer le 40 ème anniversaire de l’émigration marocaine et turque.
Nous sommes aussi là aujourd’hui pour les mêmes raisons et de manière vivante !
Il ne s’agit donc pas que de commémorer.
Puissent ces initiatives, modestes aujourd’hui, trouver de multiples appuis pour se développer demain.
(discours de Francis Cornerotte à Cheratte)
Cette expositon fait partie d’un projet plus global de "Priorité à l’Ouverture"